Désir… en ton âme entachée, Démon, de sang, de larmes, de cris enroulés : vois !
vois tes désirs, Démon. Entends-tu la démence rugir à ta porte, réclamer tes vertus,
exiger tes tendres amours, menacer, de son souffle glacé, jusqu'aux dernières gouttes
de ta Vie ? Tu n'es qu'une proie fragile, qu'un animal dressé, qu'une piètre pitance
et ton sort en est jeté… tu vas souffrir puisqu'il faut, mortel, embrasser à pleine
bouche la Bête immonde qui a choisi ton heure.
Le Cercle s'ouvre devant toi : antre de Lumière aux reflets de ténèbres. Bois ! Bois
tes plaisirs, Démon. Connais-tu la jouissance et ses crocs déchirants ? Auras-tu les
forces brutales de l'instinct, voudras-tu t'arracher le cœur, de peur qu'il ne t'aspire ?
De craindre qu'il ne t'inspire : les noires volutes de la souffrance et de l'extase
mêlées… Tu vas t'enfuir, Démon : si vaine est ta faiblesse, si dérisoires sont tes
radeaux humains, si futile est ton chant d'agonie. Tu vas te perdre, Démon, dans les
flots déchaînés du Feu de ta Folie.
Les flammes lèchent ta peau, Démon, et sur ton corps offert c'est la Joie qui fait rage.
La tempête en tes veines a noyé ton âme et tes yeux d'une onde obscure. Il ne demeure
rien des maux qui se tordaient en toi, Démon. Il t'a fallu céder ton Esprit et ta Foi.
C'est dans le brasier originel que se consument tes visions de l'Enfer. Hurle donc !
Démon, hurle et sanglote aux pieds du Dieu Vengeur. Vénère Sa Puissance et lèche-Lui
la Main. C'est de Son Bras cruel que te viendront la clémence ou la mort.
Défaite… en ton âme attachée, Démon : le sang, les larmes et les cris enroulés
n'auront de cesse qu'à la tombée des Nuits. Impure antre de chair, sois vive : embrase-
toi !
m.
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