E-ros, par les Éditions Dominique Leroy |
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L'humeur du jour
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Écrit par Miriam
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En cet été 2011 tristement pluvieux, un grand rayon de soleil va tout de même briller pour les amateurs d'érotisme : les Éditions Dominique Leroy lancent en effet une toute nouvelle collection numérique à prix très doux, baptisée e-ros et dirigée par ChocolatCannelle. Parfaitement adaptés aux nouveaux supports numériques, smartphones, tablettes et autres liseuses, les courts récits illustrés battant pavillon e-ros devraient se décliner selon différentes orientations, de la plus sage à la plus érotique. Les deux premiers opus sont d'ores et déjà disponibles en ligne.
Le premier, un recueil baptisé « eXercices stylistiQues », est téléchargeable ici et entièrement gratuit. À ne pas manquer, bien entendu ! On découvrira également la « Véritable histoire de Jeanneton », (écrite par Flo et illustrée par Jeremy Kartner), téléchargeable pour la modique somme de 2 € : une bagatelle - et c'est d'ailleurs précisément dans la collection e-ros & bagatelle que cet e-book est publié. Je ne saurais que trop conseiller aux aficionados de faire pour terminer une petite visite à la librairie virtuelle des Éditions Dominique Leroy, dont les cyber-rayonnages regorgent d'e-books.
Bonne lecture et bon été ! |
Le sexe dans les religions du monde de Geoffrey Parrinder |
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L'humeur du jour
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Écrit par Miriam
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Le sexe dans les religions du monde,de Geoffrey Parrinder Avant de parler de l'ouvrage, qui est un modèle absolu d'académisme universitaire, je vais présenter l'auteur. Geoffrey Parrinder, comme son nom l'indique, est anglais. Né en 1910, ce professeur de religions comparées au King's College de Londres était également un prêtre méthodiste. Pendant près de vingt ans, il a effectué des missions d'évangélisation au Bénin et en Côte d'Ivoire; ce qui explique sans doute sa réputation en tant qu'expert des cultes religieux d'Afrique occidentale. Auteur d'une trentaine de livres, Geoffrey Parrinder est décédé en 2005.
« Le Sexe dans les religions du monde », publié par Oxford Press en 1980, est paru en français aux Éditions Le Centurion en 1996. Cette étude se propose d'envisager, selon une méthode comparative et non-exhaustive, la façon dont les différentes religions du monde se sont positionnées vis-à-vis du sexe. Inutile de préciser, j'imagine, qu'une athée telle que moi ne pouvait que se RUER sur l'ouvrage, d'autant plus intéressant que c'est un méthodiste qui l'écrit; et un méthodiste anglais, par-dessus le marché.
Si l'on accepte d'emblée l'académisme et le parti-pris de l'auteur (c'est un prêtre qui parle, il ne faut pas l'oublier), l'ouvrage offre une lecture tout à fait passionnante. Bien entendu, comme Jean-Claude Guillebaud dans « La Tyrannie du Plaisir », Geoffrey Parrinder ne descend guère de ses hautes sphères académiques. L'exégèse la plus stricte marque tout l'ouvrage; il est évident que l'auteur avait accès à des sources extrêmement fiables historiquement, qu'il s'agisse de documents originaux ou de travaux spécialisés. C'est d'ailleurs ce qui fait tout l'intérêt de l'ouvrage; Geoffrey Parrinder plonge le lecteur aux origines mêmes des us et coutumes religieux, que la plupart des adeptes laïcs acceptent sans se poser la moindre question. J'imagine qu'il n'entrait dans ses vues aucun but humoristique, mais, je l'avoue sans peine, « Le sexe dans les religions du monde » m'a fait rigoler comme une baleine. Un passage en particulier, dans lequel l'auteur avance que certain écrit saint va jusqu'à expliquer aux fidèles ce qu'ils doivent faire si par malheur ils marchent dans un étron, m'a causé un fou rire inextinguible. Prudemment, je ne préciserai pas de quel texte il s'agit, étant donné que cette religion particulière manque singulièrement de tolérance et d'humour (et que je te tiens à ma peau...) Mais enfin le panorama survolé par Geoffrey Parrinder est relativement large et, puisqu'il connaît bien les cultes africains et les problèmes de l'évangélisation coloniale - mais d'un point de vue anglican - son étude suit une approche moins « chrétienne » sur le sujet.
Les ponts qu'il lance entre l'Orient et l'Occident, de la préhistoire à nos jours, sont autant de balises qui permettent au lecteur de mieux situer les différentes religions les unes par rapport aux autres, dans leurs attitudes face au sexe (et à la sexualité en général). En définitive, ce qui est violemment revendiqué comme une Loi Universelle, par chacune des religions, n'est à tout prendre que l'ultime avatar d'un cheminement mystique commun à tous les peuples depuis que le monde est monde. L'assimilation de la religion catholique par les peuples animistes africains en est un parfait exemple : comment concilier la monogamie imposée par la Bible avec les coutumes polygames ancestrales du clan ?
J'ai particulièrement apprécié l'extrême lucidité dont Geoffrey Parrinder fait preuve, lorsqu'il souligne un trait commun à tous les cultes, sur tous les continents et à toutes les époques : les religions sont, à des degrés divers, intrinsèquement misogynes. Les femmes, il en est bien conscient, font largement les frais des commandements de Dieu, depuis des millénaires. Au mieux considérées comme une corvée nécessaire, au pire comme une engeance diabolique, mes sœurs ont subi, au nom du Divin, une effroyable série de répressions, de tortures et d'assassinats en tous genres. Et le pire, c'est que c'est loin d'être terminé...
« Le sexe dans les religions du monde », même si c'est un ouvrage exigeant, constitue une solide base pour quiconque souhaiterait approcher au plus près ce que disent VRAIMENT les textes religieux à propos du sexe et de la sexualité. C'est donc un ouvrage que je recommande chaudement à tous ceux que le sujet intéresse. Miriam |
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Petit délire de brodeuse perverse |
L'humeur du jour
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Écrit par Miriam
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La photo ci-dessous se passe (presque) de commentaires : Mais une petite explication ne peut nuire. Voici donc la raison de cette incartade un tantinet niquedouille du côté « fleur-bleue » de l'aiguille : j'en avais tout simplement envie depuis très longtemps. En fait, depuis que j'ai découvert sur Flick'r qu'une certaine beefranck brodait des aphorismes pornographiques au point de croix traditionnel – un mélange de tradition et de grossièreté tout à fait réjouissant. C'était l'année dernière, en 2009, et je me félicite que beefranck continue de sévir encore aujourd'hui. Son travail en black work est tout simplement génial. Prions qu'elle ne soit pas censurée à l'avenir... J'ai dès lors pris les deux soirées nécessaires à réaliser le projet que j'avais en tête. Le plus compliqué fut de choisir entre les différentes options du « mot en quatre lettres » qui remplirait les cases de la boîte à photos, dont j'avais décidé de pervertir la fonction première. Finalement, l'évidence l'emporta et je m'offris l'acronyme « BDSM » plutôt qu'un « FUCK » ou qu'un « SADE ». Mais je n'ai, bien entendu, pas brodé mon dernier mot... |
L'origine du Monde – Histoire d'un tableau de Gustave Courbet par Thierry Savatier |
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L'humeur du jour
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Écrit par Miriam
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J'ai déjà évoqué dans l'éditorial l'une des péripéties du chef-d'oeuvre de Courbet dont il va encore être question dans le billet du jour. Pour rappel, je renvoie les lecteurs à l'article La Censure-Phoenix et aux pitreries de la police de Braga à propos de la première de couverture de l'ouvrage Pornocratie.
Il doit être limpide que j'ai pour le tableau de Courbet une admiration sans borne. Il ne m'est pas possible d'être plus explicite sur le sujet, non pour des raisons de bonnes moeurs, mais bien plutôt parce que je respecte scrupuleusement la notion de vie privée. À commencer par la mienne, de vie privée, bien entendu.
Mais plantons le décor. Imaginons-nous Miriam Blaylock, assise dans son humble log-cabin, au beau milieu d'un désert culturel / slash / intellectuel / slash / artistique. Il y a bien ça et là quelques étoiles qui brillent au firmament. Il y a bien aussi deux ou trois bestioles sauvages, à la beauté farouche et galopante, qui piaffent à l'horizon. Et des souvenirs, en nombre. Mais pour le reste, c'est tout vu : nous sommes au Far-West désalphabétisé du XXIème siècle; les trains qui passent sont bondés, certes, mais surtout de bêtise crasse et très satisfaite d'elle-même. Miriam Blaylock regarde passer les trains en se consolant de qualité à défaut de quantité. C'est le désert, écrivais-je. Autant l'avouer : Miriam, la plupart du temps, elle ne cause pas parce qu'elle s'em*** comme une cow-girl morte.
Et puis un beau jour, le soleil et le facteur se liguent contre l'ennui. Un curieux essai atterrit sur la table du petit-déjeuner : L'origine du Monde, de Thierry Savatier. Les aléas de la distribution postale pourraient peut-être expliquer, à défaut d'excuser, pourquoi ce livre - dont la première édition date de 2006 – a mis quatre ans à parvenir dans mes rayonnages. Mais je n'ai pas le talent de Thierry Savatier pour les sagas, je ne formulerai donc aucune hypothèse. Passons à cette fameuse Histoire d'un tableau de Gustave Courbet.
L'essai est remarquable à plus d'un titre. Parce qu'il est des plus touffus, en tout premier lieu (désolée, je n'ai pas pu résister...) Parce qu'il est magnifiquement écrit, ensuite. Et enfin, parce qu'il donne une formidable leçon d'humanisme bien tempéré, splendidement documenté, d'une rigueur scientifique inattaquable et, cerise sur le tableau, qu'il s'offre le luxe d'un humour tout en finesse comme on en trouve désormais fort peu. L'Histoire du tableau de Courbet par Thierry Savatier n'a rien à envier à son sujet...
Il est pratiquement impossible de résumer l'essai, ajouterais-je plutôt que d'échouer en essayant. Tout au plus puis-je tenter d'en faire partager la saveur. Il s'agit autant d'une enquête policière que d'un Éloge (qui ne manque pas d'évoquer celui de Gérard Zwang, fort explicitement rendu dans l'un de ses ouvrages paru à La Musardine). Zwang qui, par sa Lettre ouverte aux mal-baisants, m'avait donné lui aussi l'occasion de formuler des commentaires assez proches sur certaine forme d'humanisme en voie d'extinction.
Thierry Savatier, pour sa part, nous convie à un tour du monde haletant, des toutes premières phases de la génèse de l'Oeuvre à son arrivée au Musée d'Orsay. Le lecteur ne souffle pas une seconde : les personnages se succèdent, les événements se précipitent, la trame de l'intrigue s'enchevêtre puis file entre les lignes. C'est tout un monde en effet qui se déroule au gré des pages : celui des propriétaires successifs, des artistes, des modèles, des muses, des historiens de l'art, des avocats ou des criminels qui participèrent, de près ou de loin, à l'histoire du tableau. Tout le XXème siècle y passe : c'est la Comédie Humaine de Balzac condensée en 263 pages – autant dire qu'il faut avoir l'esprit bien accroché !
Mais quelle jubilation, quel feu d'artifice, quel magnifique récit ! Je suis sortie de ma lecture comme d'un tour de Grand-Huit : les yeux pleins d'étoiles et toute prête à remonter aussitôt en page une. Ce que je ferai sans aucun doute, dès que j'en aurai l'occasion.
Il faut bien entendu réserver une place de choix à l'essai de Thierry Savatier (paru aux éditions Omnia, ISBN 978.2.84100.445.4). Mais il faut surtout rendre une longue visite à son blog Les Mauvaises Fréquentations. Il est des lieux virtuels dont la qualité ne peut qu'enflammer l'admiration.
Bonnes Lectures, Miriam. |
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