Chant de l'épouse
Poésie érotique - Poèmes SM
Écrit par Miriam   
Mon Aimé, mon Maître,

Sous les clartés cruelles où je naquis pour Vous,
L'instinct fut traîné, nu, vacillant; et, dans l'heure,
Quelle image au flanc trouble a surgi devant Vous ?
Pour changer à ce point, il fallait que je meure !

Nos mains dans le songe où nos chairs s'enlisaient,
Et nos vaines promesses à l'obscur, aux errances,
A ces voix de nos coeurs que nos sens aiguisaient,
A l'ombre des désirs, à l'orée des démences...

Et cet or, flamboyant, coulant de Vos prunelles
- Le silence a des gifles ou de tendres instants -
Et les bouches épousées de Vos catins jumelles
Et les nuits épuisées entre les draps distants.

Mon Maître et mon Aimé; mon Seigneur et mon Tout,
Voici ce qu'il me reste à Vous avoir cédé:
S'il fallait pour Vous plaire être à Vos pieds, debout,
Féconder le silence et, l'espoir décédé,

Enivrer de couleurs les affres des néants,
Se tordre à se briser, dans la boue et les larmes;
N'être plus qu'un pont mort entre deux choix béants;
Je n'ai plus d'autre feu que de rendre les armes...

Je voudrais Vous offrir au-delà de mon être
Le vide et les tourments d'où jaillissent mes mots;
L'unique volupté serait de disparaître
Et de sombrer à deux dans la noirceur des flots.
 

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