Vie du Marquis de Sade par Gilbert Lely |
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de Sade |
Écrit par Miriam |
![]() Cet ouvrage est incontournable à plus d'un titre. Le premier, et non des moindres, est l'admiration éperdue que Gilbert Lely voue au Divin Marquis. Je ne doute pas que s'il avait eu la possibilité de monter dans la machine à voyager dans le temps de H.G. Wells, Gilbert Lely serait parti sans hésitation et aurait défendu le Marquis jusqu'à la mort. Le second, tout aussi important, est l'impeccable érudition qui le caractérise. Jusqu'à l'excès, parfois. N'ayant pas eu la chance de « faire mon Grec et mon Latin », comme cela me paraît être le cas de Monsieur Lely, j'ai eu recours à cinq dictionnaires la première fois que j'ai lu sa « Vie du marquis de Sade » : un usuel, un latin-français, un Larousse d'avant-guerre, le Littré en cinq volumes du tournant du XIXème siècle (qu'un honorable bibliothécaire à la retraite m'a offert) et enfin le Dictionnaire du français classique de Cayrou. On le croira ou non, il reste des termes obscurs que je n'ai pu élucider dans le texte de Lely. Il demeure des phrases d'une subjectivité telle qu'elles me demeurent incompréhensibles. Cela rend la lecture parfois bien désagréable, d'autant plus que Gilbert Lely est « très remonté » après les imbéciles et les ignorants. À le lire, sans toujours avoir les capacités intellectuelles de le suivre, on se sent souvent frustré et indigne. En un mot, il faut s'accrocher. Et il faut surtout accepter d'être un « ver de terre décérébré » face à l'éclat de diamant de sa culture classique et de ses connaissances historiques. Mais si l'on s'acharne, la récompense est fabuleuse. On apprend, à chaque page, à chaque ligne, à chaque mot. Même si je suis loin d'être toujours d'accord avec certaines analyses spéculatives de Lely (notamment en ce qui concerne le rapport d'un écrivain avec ses « personnages »), même si souvent sa « morgue » intellectuelle me heurte, je m'incline bien bas devant son travail. Sans Gilbert Lely, la biographie de D.A.F. de Sade ressemblerait encore certainement à une somme d'affabulations ridicules. C'est Lely qui le premier a entrepris d'exhumer un homme (et non pas sa légende) du cachot, tant littéraire qu'historique, et qui lui a rendu entière justice. D'autres que Lely l'ont suivi, parfois de façon maladroite, soulevant les foudres du spécialiste, qui ne tolère ni l'amateurisme ni l'à-peu-près, si involontaires qu'ils soient. On sent chez Lely à la fois un profond désir de donner à connaître de Sade au public, mais en même temps un cuisant regret de le « jeter en pâture aux pourceaux ». Cette ambivalence traverse les 693 pages de sa « Vie du marquis de Sade » et lui donne une saveur toute particulière. Incontournable, tour à tour nid d'aigle escarpé ou désert d'aridité académique, la « Vie du marquis de Sade » de Gilbert Lely est un ouvrage qu'il faut absolument avoir lu, quels que soient les efforts qu'il en coûte. « Vie du marquis de Sade » de Gilbert Lely, paru aux Éditions du Mercure de France en 1989, ISBN 2-7152-1594-0. |